1) Place du marché à 6 h. du matin.
( piazza
mercato alle sei del mattino)
Acrylique sur toîle de 146 x 97 cms.
2) Place du marché à 10 h. du soir
( piazza
mercato alle dieci di sera)
Acrylique sur toîle de 146 x 97 cms.
Ces deux tableux qui encadrent ‘O
cavallo ‘e Masaniello sont en parfaite symétrie et le reflet l’un de l’autre
avec les mêmes éléments de composition: deux jeunes hommes en tablier de
travail balayant l’espace accompagnés d’un chien avec un personnage populaire
dans leurs pieds.
Dans le tableau du 6 h. du
matin le geste est appliqué mais le
chien sur ses gardes préssent le danger et se sert du corps du clochard comme
d’une barricade alors que dans le tableau de 10 h. du soir le chien semble
etonné par l’homme plus violent avec sa palme. Palme de nettoyage par le vent
de la révolution et palme du martyre dans un geste d’exécution, le symbole
remplace toute arme pour avoir plus de force.
Chien protecteur et témoin comme
le cheval blanc, l’animal est le vrai auteur sentimental et sensible. Le peuple
allant à son train suit en émergeant du sommeil de nuit ou en continuant son
travail de jour. Le héros solitaire restera face à face avec la chose noir.
Peut-être les deux toîles ont elles avec leur temps d’avant à six heures du
matin si semblable au temps d’après à dix heures du soir un parfum de pessimisme
quant aux entreprises révolutionnaires. Ils ne sont là que pour être en
encadrant l’apothéose triomphale de Masaniello et de la ville de Naples, une
contre proposition auréolée tout de même des palmes de la gloire.
“Le cheval de Masaniello”
(‘o cavall ‘e Masaniello)
Acrylique sure toîle
Lorsque monté sur son cheval
blanc, Tommaso Aniello d’Amalfi entre dans la place du marché, il est suivi de
milliers de napolitains qui l’acclament; ils ont trouvé le héros qui tient tête
à la puissance des vices rois espagnols, à leurs impositions sauvages, à leurs
décrêts injustes.
Ce pêcheur aux boucles noires
ménera une révolution spectaculaire contre l’ordre établi et en juillet 1647
Naples devenue république donnera au monde une leçon de civisme et d’histoire,
cent cinquante ans avant la
Bastille.
Le grand tableau votif dédié à la
ville de Naples au centre de l’exposition est l’apothéose de l’intelligence et
de la puissance créative de cette ville grecque, étrusque, romaine, espagnole
et française tour à tour et à la fois. Masaniello sur son cheval est entouré
d’enfants, un peuple d’avenir qui l’aime et qui l’aide, la petite princesse
amoureuse, le gamin qui montre le Vésuve derrière lui, un autre plus grand qui
semble aveugle, une fillette qui nous prend à témoin de cette scène
extraordinaire.
Mais tous sont concentrés sur ce
nouveau Christoforos, le porteur d’enfant, notre héros révolutionnaire qui
tient à bout de bras un enfant, nouvel Icare; l’initié en plein vol tend la
main vers le but que lui montre aussi un pauvre mendiant caravagesque, une
branche de corail.
Detail 1
L’antique symbole, sang du Christ
sorti des laves du centre de la terre et pêché en mer par les napolitains,
trésor inestimable de la nature est suspendu à un fil; quelle autre main tient
ce fil et qui est la chose noire qui entre soudainement en combat?
Dans cet instant d’équilibre
incertain le cheval même qui fait une courbette devant le saint objet participe
de toute sa force à la scène.
L’instant d’après la belle tête de
Tommaso Aniello roulera aux pieds du vice roi espagnol, jetée d’un sac comme
celle du Baptiste, la bouche ouverte dans un dernier discours enflammé, le sang
coulant encore de son cou tranché pour dessiner sur le marbre une branche de
corail.
DANIEL
OGIER
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