Utopie d'un fabricant d'images baroques qui consigne notre présent et le confronte à des avenirs incertains

martes, 21 de agosto de 2012

COMBAT DE NUIT ET NOTRE DAME DES PATEROTS:



COMBAT DE NUIT:

Cette grande toîle sur le même thème de la fin de la suprématie religieuse et maternelle, sur l’échec du leg culturel donne un autre visage à la mère.
Elle n’est plus la vierge mais ce prototype de vieille méditerranéene qui se  rencontre de Naples à Medina del Campo, de Souillac à Delphes, de Smyrne à Perpignan; visage basané, cheveux blancs en chignon serré, une mèche qui tombe dans une petite robe de coton noir aux grandes poches.
Elle est aussi dans ce tableau qui détourne la thématique du reniement de Pierre l’accusatrice aidée par un coq hystérique et vainqueur. C’est elle qui fait procés à son fils, géant gras et fort en larmes brulé par les bougies de ses propres croyances.



Combat de nuit. Acrylique sur toîle de 146 x 114 cms. 17-05-05

Le coq montre de sa patte, elle , échevelée avec un doigt d’honneur dans un geste indigne et fatal: l’abandon est total, la mère protectrice, vieille sybille antique, oracle du non retour, laisse tomber la condamnation du héros incapable; la folle qui a donné la vie rejette la vie.







Detail le combat de nuit.





NOTRE DAME DES PATEROTS:

À Romans les paterots étaient des clochards ou presque, qui ramassaient les peaux de lapin et les chiffons, plus tard les cartons en déambulant dans la ville aux cris répétés de patiro, patiro, patiro...
Dans le langage coloré romanais on était un paterot lorsque on était mal habillé et négligé: “ tu es habillé comme un paterot!”.





Notre Dame des Paterots. Acrylique sur toîle de 195 x 130 cms. 25-04-05


Ce grand tableau ( 25-04-05) comme le combat de nuit ( 17-05-05) comme la grande palla de l’oratoire des cordonniers ( 2009) utilise le schéma de la vierge aux donnateurs.
La mère retient un enfant qui s’échappe vers l’élément noir et bien qu’elle lui tienne la tête, ce n’est pas pour le protéger des adorateurs à ses pieds: l’enfant est déjà parti.




Detail 1 Notre Dame des Paterots


Ces trois adeptes d’un culte improbable , trois paterots aux trois âges de la vie rendent désespérement un hommage inutile à la figure archaïque de la mère protectrice mais en vain. Avec des têtes à la Ribera, l’un agite un magnifique encensoir d’argent, l’autre rève dans la fumée et le troixième couché dans des cierges votifs se contemple dans un miroir qui refléte sans doute le visage lointain maternel, le tout dans un amas de cartons.
Le thème de l’impuissance des racines culturelles face aux choix démoniaques génétiquement programmés sera aussi le fond de l’oratoire des cordonniers.
La mère antique protectrice, déesse de la vie est en échec.




Detail 2 Notre Dame des Paterots.

lunes, 20 de agosto de 2012

BRAVURA


Ces deux jumeaux s’incluent également dans une série cloturant la période de travail sur le symbole de l’eau. Les personnages en miroir, système souvent exploité, campent une attitude triomphale et apollonienne de boxeur champion toutes catégories.
Ils pietinnent avec sensualité un amas de potirons colorés et même les éléments noirs concourent au triomphe antique. Avec deux autres “Majos”(1)  allongés comme la Duchesse d’Albe, ils sont d’une période ou la vitalité animale et sensuelle s’exprime sans bornes dans un sentiment amoureux des plus positifs avant que ne reviennent quelques ombres.

(1) Habitants des certains quartier de Madrid de la  fin du XVIII siècle et début XIX, désinvoltes, arrogants et bagarreurs avec des costumes voyants; souvent peints par Goya. 





Bravura 1. Acrylique sur toîle de 162 x 130 cms. 08-05-97


Bravura 2. Acrylique sur toîle de 162 x 130 cms. 31-05-97


viernes, 17 de agosto de 2012

EQUUS



Cette série de trois tableaux finit la période d’exploitation du thème de l’eau commencée dans les années 70/ 80. avec ses explosions de vagues et ses personnages au prise avec une onction dévastatrice dans des toîles des grands formats.
Les personnages plus présents sont accompagnés d’objets et d’animaux reintroduits peu à peu dans l’image au fils des années après une épuration totale qui n’avait laissé en présence que l’homme et le symbole fondamental de l’eau.
Ici le thème devient “épique” avec le sujet sous jacent de la conversion de Saint Paul dont les trois tableaux donnent un ralenti presque cinémathographique:
la monte ( equus 3), la chute( equus 2) et le piétinement ( equus 1). 




Equus 1/3. Acrylique sur toîle de 162 x 130 cms. mars 1997
Collection privée France





Equus 2/3. Acrtlique sur toîle de 162 x 130 cms. 07-03-97




Equus 3/3. Acrylique sur toîle de 162 x 130 cms.  17-03-97




L’intérêt dans beaucoup de toîles pour les animaux non disants, empreints d’un savoir puissant, témoins et non juges, partageant les souffrances et les surprises a toujours été une composante de mon discours des images.
C’est pourquoi la flèche d’eau qui atteint le couple cavalier-cheval touche de sa grace ou de sa mort l’animal. L’home devient témoin d’une rédemption qui lui échappe.
Caravage ne dit pas autre chose en couchant Saül de Tarse  sous la croupe somptueuse du cheval triomphant dans le tableau de Rome.

jueves, 16 de agosto de 2012

LIGNE DE LA MAIN



La série est composée de trois éléments simples que l’on retrouve souvent dans une dialéctique répétitive dans de nombreuses toîles; un enfant au seuil de l’adolescence qui subit une situation donnée, un maître pseudo éducateur et violent, et l’élément noir venant renforcer l’autorité ou la passivité.
Ce processus d’éducation imposée utlise trois formes:



Ligne de la main 1/3. Acrylique sur toîle de 50 x 40 cms. 03-03-2012
C’est la subordinnation imposée par une autorité supérieure d’ordre spirituel dont la main, l’index pointé, est l’agent, main d’un Dieu créateur, père autoritaire, á l’image de Yavhé.





Ligne de la main 2/3. Acrylique sur toîle de 50 x 40 cms. 04-03-2012
C’est l’autorité violente de la loi répétitive qui s’impose et punit par le châtiment corporel d’un dieu sanctionnant suivant un  code qui pourrait être lu comme corannique.





Ligne de la main 3/3. Acrylique sur toîle de 50 x 40 cms.  05-03-2012
Le maître apparait plus nettement en combinant une liaison charnelle avec l’enfant dans un getse de protection et de mantien de force du bras tendu: la charité, l’altruisme, le prochain obligatoire d’un humanisme chrétien reste dans un rapport de force.

Enfin dans les trois images éducatives l’élément noir établi en renforçant la tension une accusation en montrant la main vide de l’enfant; pourquoi n’est elle pas encore marquée? Cet élément va sans doute s’en charger d’un coup d’estampage définitif.


VESTALE




Cet unique personnage est une vestale d’un rite initiatique inconnu, c’est un homme couvert d’un voile de fibres végétales indigènes bien éloigné de tout schéma religieux classique.
Il porte avec ostentation une offrande en une communion primitive dans un état de transes.




Vestale 1. Acrylique sur toîle de 30 x 30 cms. 13-10-10
 C'est la présentation d’un citron symbole d’amertume et de vérité existentielle de notre vie.




Vestale 2. Acrylique sur toîle de 30 x 30 cms. 14-10-10
 Elle propose des oeufs symbole de fécondité, d’avenir souvent présentés dans les tableaux espagnols à la Vierge de nativité et à l’Enfant.




Vestale 3. Acrylique sur toîle de 30 x 30 cms. 15-10-10
Elle nous montre un grand quartier de melon ou de courge, évocation du goût et plus largement des sens.

Les trois petites natures mortes sont découpées, cassées, brisées, mais le personnage qui pensait les croquer reste la bouche ouverte, arrété net dans sa faim du monde par le surgissement dans cette offrande de l’élément noir, invité inattendu du grand repas de la vie et de la mort.

L’histoire ne dit rien de plus , les trois vestales non plus, la faim est coupée.




miércoles, 15 de agosto de 2012

AURÉOLE

SÉRIE AURÉOLE:



La série obeit comme dans de trés nombreuses toîles a des lois de marquages.
Ce sont des numéros appartenant a des listes afin de donner l’idée d’un recensement; des signes souvent religieux comme ceux des religions du Livre, et l’élément noir qui se superpose aux données précèdentes et les met en question.
Justement cet élément est dans cette série visible par le spectateur dans un miroir à l’arrière du personnage qui nous regarde et ressent cette présence. C’est un jeu de répércution dont le spectateur est le principal acteur; le doute et l’angoisse sont pour le modèle humain cadré comme pour une photo d’idéntité, il est aliéné à cette chose, génétiquement modifié par cet élément tatoué ou réel.
Il nous prend a témoin de son crane rasé et marqué d’une longue maladie. Cependant dans la perversité des signes le miroir est déchiffré par nous spectateurs comme une auréole, signe conventionnel de sainteté.
Cette évocation de perfection contient en germe la tache, la question, le doute et le regard du sujet nous en fait le procès.




Auréole 1/3. Acrylique sur toîle de 30 x 30 cms. 19-10-10



Auréole 2/3. Acrylique sur toîle de 30 x 30 cms. 19-10-10



Auréole 3/3. Acrylique sur toìle de 30 x 30 cms.  22-10-2010



miércoles, 1 de agosto de 2012

INAUGURATION L'ORATOIRE DES CORDONNIERS DE DANIEL OGIER


Inauguration de l'oratoire des cordonniers de DANIEL OGIER au musée international de la chaussure de Romans le 24 avril 2009 

Monsieur Drésin , Monsieur Bertholet ,maire de Romans, Madame Jungo, adjointe à la culture et Daniel Ogier


Le public




Monsieur et Madame Bertholet et Monsieur Drésin devant le retable






    au centre Samuel Barbosa                           au centre Malika Mihoubi



Monsieur et Madame Cornil , modèles pour les deux tableaux des donnateurs et à droite leur fils Alain Cornil.


VIDÉO EXPLICATIVE DE L'ORATOIRE DES CORDONNIERS


L'ORATOIRE DES CORDONNIERS 3º PARTIE


ROMANS D'ENFANCE:

Il est sept heures quarante, le soleil qui sort comme une boule de feu explosive au centre d’une bande des nuages violacés me vrille la rétine, point blanc sur la feuille blanche: j’écris dans l’avion pour Madrid.
Écrire sur l’enfance, la ville, les années cinquante qui sont grises comme les images des films de cette  époque, rayés, sautillants et accompagnés d’une voix de gramophone, grises comme la vie d’après la tourmente, le malheur, la folie, grises comme un peu de repos après les éclats héroïques ou honteux, après la guerre.

Tout  était couvert par le silence , on sentait encore la présence du monstre, on la voyait dans les yeux de ceux qui l’avaient vu, mais je ne pouvais la definir que par la trace que laisse l’ouragan sur les visages: ils sont changés par la peur quotidienne et couvert du sel de la faute. C’etait avant les glorieuses, ces années du serpent d’airin, la découverte de la consommation qui allait nous consumer.







                Savates.  4 acryliques sur toîles de 20 x 20 cms.  20-09-06


Mon territoire, marqué par ces temps était la ville, encore inconnue à moi, certaines règles  m’échappaient, des lieux restaient interdits ou non avenus. J’avais cependant des devoirs: ma présence etait obligatoire à certains endroits, à certaines heures, d’abord pour subvenir à mes besoins et aussi pour paraître dans le monde: j’allais à l’école, Scandée par les contraintes de nourritures et de sommeil, l’enfance se passait dans la solitude que j’habillais de multiples conquêtes car j’étais bien élevé.

Derrière ce rideau social que j’acceptais trés tôt en le détestent mon territoire materiel, le vrai voyage, le grand voyage comblait mon imaginaire. La ville était un décor qui devait cacher d’autres décors qui eux mêmes devaient deboucher sur d’autres perspectives,  qui allaient tout absorber.
La ville était trés noire à l’époque , les ruelles étroites descendaient faussement aux ports murés par les quais, Port Rivail, Port Roux, Port Brulé    
J’attendais qu’un jour ressortent du macadam les mats et voilures enterrés sous les travaux abscons du modernisme louis philippart des quais, tombeau de l’église saint Michel, du Palais des Dauphins , de celui des Abbés, et de leur cimetière rasée contre l’avis de Merimée.
L’odeur de moisisure qui sortait des caves comme de bouches puantes de chicots , celle encore des tanneries ou de bassin à faire pourir les peaux , l’eau enfin qui suintait et formait des cours d’eau, puis des cascades d’étages de cave en étages des caves, tout composait avant que je ne les connaisse les décors des prisons de Piranese.







Les petits cordonniers.  3 acryliques sur toîles de 41 x 33 cms. 01-11-06



La ville était terrible, elle frappait mon imagination à coups redoublés au son du Gros Barnard pour les vêpres mortuaires, au son des fanfares militaires qui me faisaient trembler d’émotion au bord des trottoirs les jours de défilés , aux cris des femmes descendues des collines pour vendre leurs herbes et leurs tommes de chèvre les jours de grand marché.
Ma mère voulait fuir cette vie. Dans cette grisaille elle étouffait et gardait secrétement le regret de la guerre qui l’avait laissée seule, luttant libre contre tous et contre tout, contre la famille d’alliance si dure et si étroite mais avec mon frère sous le bras comme un soldat tient son bardas avec cet héroïsme de chevrette blanche sautant de rocher en rocher.

Mais le temps passé à tenir tête aux miliciens ou aux soldats en vert était loin. Elle ne tenait pas en place et s’était inventée  un don immobilier qui la poussait à acheter et vendre notre habitation avec frénésie. Les cartons ne devaient jamais être défaits. J’étais toujours en partance dans ce territoire fermé au lendemains imprévisibles.
On déménagea onze fois en vingt ans sans jamais sortir de la ville. La maison de la rue Pêcherie servait entre deux acquisitions improbables de zone de retrait car comme par hasard il y avait toujours un appartement libéré entre deux expéditions. La vieille ville n’avait pas de secret pour moi; elle était explorée scientifiquement maison pas maison et les travaux de lecture des ouvrages du chanoine Ulysse Chevalier alimentait les après midi d’hiver le délire que je partageais avec deux camarades.



C’était à qui en rajoutait sur les tunnels , caves et reduits secrets, chaque porte entrouverte paraissait l’entrée d’une caverne au trésor. On rêvait couchés en étoile  sur les parquets cirés d’un ancien couvent où habitait mon ami et au plafond défilaient les images le plus fantastiques. Â cette époque nous avions une dévotion totale à Beethoven qui nous  arrachait des larmes lorsqu’ainsi couchés à trois ou quatre l’instant initiatique faisait éclater nos cervelles adolescentes, droguées par les symphonies au paroxyisme sonore. La 9ª symphonie n’était écoutée qu’une fois ou deux par mois car le monument sacré nécessitait des conditions mentales exceptionnelles qui étaient analysées en réunion préliminaire par la secte.
Les masacres perpétrés par des bandes de barbares remontant l’Isère sur les barques effilées justifiaient la fuite des occupants des villas gallo-romaines vers les collines du nord. On allait gratter dans les ruines de la villa de saint Paul, aux Chasses pour y trouver quelques preuves. Cependant c’était Saint Barnard qui pour nous était le lieu sacré de tous les vertiges historiques. Certains de trouver le temple romain construit par les nautes au passage de l’Isère on calculait où descendre pour être au niveau des anciens bancs de marne qui servaient de fondations primitives au pont de bois: on démontait les grilles de chauffages dans l’église pour finalement tomber dans la crypte où après la renovation du sol les ossemnets des nombreuses sépultures avaient été regroupées. Dans ce tête à tête avec les crânes aux yeux vides nous étions au comble de l’émotion. D’autres fois c’était le sacristain qui entendant nos pas sous les arcades du triforium nous menaçait de la police si nous ne descendions pas inmédiatement.
On le prenait pour l’un de ces derniers abbés et on l’imaginait jeté nu et en sang à la rivière par une révolte populaire et repêché à Valence par l’évêque terrifié par la vindicte romanaise.
Comme à l’époque romaine la ville était découpée en quartiers aux attributs animaliers dont le sens était clair; les pauvres sont du lapin, de la poule et du canard tandis que les riches sont de l’épervier du lion ou du sanglier. Personne ne se souvient plus de ces appellations mais les quartiers restent dans leur idéntité de cette guerre zoologique encore aujourd’hui pour qui  sait lever la tête vers les façades. Alors souvent le nivellement à fait son oeuvre, tel loup est devenu lapin, tel lion est poule.



Dans ce concert d’information je me promenais moi aussi “les poings dans les poches” , les yeux au ciel.
Les premiers chrétiens ,ces riches gallo-romains de la villa de St. Paul, les symphonies de Beetthoven, les abbés massacrés, Serve dit Paumier ,le revolté invectivant Catherine de Médicis, le temple des nautes, la maison de la rue Pêcherie cet hôtel d’Ambézieux, tout se mêlait en un théâtre du monde fermé dans une forteresse dénommmée la Ville.
C’était pour mes six à dix ans le roman de la rose, Harry Potter et orange mécanique à la fois et aussi quelques séquences que je retrouverai  plus tard chez Fellini.
C’était mon éducation artistique avec ce peu du moment qui ouvrait la porte inmense de l’imaginaire avec presque rien pour voyager au bout du monde avec le silence pour musique et ces paroles intérieures qui tournent et tournent dans la tête d’un gamin: c’est comment ailleurs?

Alors je me souviens, au plus lointain, du premier grand théâtre, celui qui prévaudra toujours face à tous les rideaux rouges qui tremblent et puis s’ouvrent sur les scènes d’opéra. Nous habitions rue des fourreurs, rue Pélisserie, où ma mère avait un petit magazin d’accessoires de mode , une bonneterie disait-on à l’époque.
On allait le dimanche à la messe à St. Barnard. On entrait par la petite porte du nord et on avait nos chaises au premier rang du transept , au pied des marches. J’avais trois ans.
Les prie Dieu paillés trés bas et dont le siège se relevait pour pouvoir s’agenouiller sur un autre paillage encore plus bas ne m’aidait pas beaucoup.
J’étais à hauteur des marches de pierres blanches sur lesquelles s’élevait un mur de marbre gris qui formait balustrade et autrefois base d’une splendide cloture de fer forgé baroque. Le temps passait devant cette masse minérale teintée de beige et blanc, parfois de rose dans laquelle je lisais les empreintes des fossiles ou d’une écriture inconnue.
Au dessus surgissait la voûte immense comme une pluie de pierres ordonnées suspendue par miracle dans les fumées d’encens. De temps à autre dépassait une tête où le balancement d’un ostensoir d’argent parfois des cièrges ou des fleurs. J’ouvrai de grands yeux pour déchiffrer ces messages d’un autre monde qui se cachait derrière la clôture pendant que l’orgue faisait trembler tout l’édifice. Soudain, on voyait sortir le prêtre (c’était l’abbé Constant) impressionant de violance contenue qui montait en chaire et proférait des sentences terribles du haut de sa tour sculptée. Après les fidèles défilaient, je n’avais pas le droit, pour recevoir quelque initiation secréte dont  ils revenaient tête baissée en s’affallant à genoux, le visage dans les mains.
D’un coup, tout allait trés vite, tout le monde s’agitait alors que les orgues tonnaient de plus belle et à force de signes de contentements aimables on sortait dans une cohue qui m’écrasait sur les jambes d’étrangers pendant qu’on me trainait le bras tendu dans cette tourmente finale.

Rien ne me questionnait plus que cette cérémonie à laquelle je ne comprenais rien, ne voyais rien mais participais de force en subissant le choc des couleurs, des odeurs, des sons en une apothéose hebdomadaire dont j’attendais avec angoisse le retour.
La notion de spectacle était née, amplifiée dans son mystère par la terrible présence de la Ville, doublé d’une addiction certaine teintée de masochisme. Je passais le reste de mes années à faire autant ou mieux, parfois avec conviction et beaucoup de doute, sur les scènes d’opéras et dans mes tableaux.






Absolution. acrylique sur toîle de 65 x 54 cms. 10-10-06 ( collection amis du musée international de la chaussure de Romans, nº inv. 2010.12.1)

Dans les centaines de toîles que j’ai peint il en est quelques une dans lesquelles j’ai pu par chance ou par grace resserrer le propos avec une économie de moyens qui m’a toujours attiré.
Si j’admire les plus grands baroques, il est vrai que le dépouillement janséniste de Champaigne ou l’Espagne des natures mortes de Sanchez Cotán ou de Zurbarán me semblent être des polyphonies plus somptueuses que toutes les grandes machines nées du Concile de Trente.
La toîle “Absolution” est un concentré assez valable de foi et de folie, les deux composants de l’attitude mystique.
Pour la foi j’ai choisi ces deux paires des savates ( deux, c’est déjà une communauté et ce que celà implique d’amour et de haine) issues d’images de la vieille Castille; sans doute sous ces semelles de bois la poussière des chemins d’Avila et quelques grains de blé de Medina del Campo.
D’ailleurs c’est d’herbes sèches que sont tressées les simples lanières de ces socques.
Par quelques mortifications terribles elles sont plantées d’un clou: seraient-elles des chaussures massochistes imposibles à porter sans s’enfoncer dans le talon ce symbole de la cruxifiction?.
Autant de signes de foi fraccassées par la hache; on imagine un ou une forcené , la folie sans limite, la nuit du crime absolu . Sans doute le silence des espaces étérnels était –il impossible à supporter dans cet ultime combat avec l’ange. Petit tableau condensé de foi et de folie , vanité des vanités à placer dans un cabinet d’amateur ou dans un oratoire.



L'ORATOIRE DES CORDONNIERS 2º PARTIE



LE TRYPTIQUE: PALLA ET DONATEURS:



Palla de l'oratoire de cordonniers de Romans. acrylique sur toîle de 235 x 165 cms. 24-07-07


La grande “Palla” est installée sur le tas de chaussures au centre de l’espace et continue cette avalanche parmi les cierges votifs jusqu’au couperet de la “chose noire”.
Sans doute les souvenirs sombres surgissent de cet amas de souliers, images des camps d’extermination nazis, images de manifestations contre les mines anti-personnel par Handicap International. La multiplication d’effets personnels en masse à toujours le goût du malheur puisque seuls les choses uniques et rare semblent acconpagner le bonheur.
Mais dans ce tableau central qui est une parodie de Vierge aux donateurs la chaussure est magnifiée. Cette petite sculpture dans laquelle on peut glisser une partie de son corps est l’objet  de toutes les convoitises.
Un personnage la propose comme reméde miracle, la panacée qu’on découvre dans le narghilé du nabot cordouan, gardien de la porte des mille et une nuits, celle que la belle nue presse sur son coeur, celle que cherche la gamine avec son chien truffier comme les petits éboueurs du Caire.
Tout cette foule créative, cette vitalité venue du fond de l’Orient jusqu’à nous, cet art de faire de trois bouts de cuir une merveille, convergent vers l’enfant.
On lui tend une tennis du dernier chic et ce n’est que cris et pleurs, ce monde séduisant l’effraie et il se jette vers la “chose noire”.
Sans doute au désert cédera t-il à la troisième tentation, cet enfant trop fragile pour être un fils de Dieu . Que ce soit selon l’Evangile , le Coran, ou la Thora c’est ce qu’on peut lire dans les yeux de la mère qui ne voit qu’un océan de souffrance, d’incompréhension et de guerre.
Propos contemporain, toîle politique analyse sociale sous couvert d’une Vierge à l’Enfant, Vierge Noire de notre moyen  âge inconnu, femme de Beyrouth qui sont comme des statues de sel, vigiles dans le désert comme un bloc de granit et qui tiennent    en tremblant leurs enfants suicidaires.




detail 1




detail 2




detail 3



LES DONATEURS:

Ayant gardé la tradition du Moyen-âge du triptyque, les deux tableaux latéraux sont attribués aux donateurs, personnages ayant commandé l’oeuvre .
Ils sont acconpagnés dans cette démarche matérialiste de reconnaissance de leur ego par leur saint patron qui garantissait la spiritualité de l’intention.
Ils encadrent la “Palla” centrale, objet de toutes les dévotions géneralement à la Vierge entourée par précaution de nombreaux saints.
Pour les tableaux de donnateurs, j’ai eu l’idée de faire les portraits des parents d’un ami qui sont d’anciens romanais ayant passé une grande partie de leur vie dans les usines de chaussures de cette ville. Les ayant baptisé Crepin et Crepinne je les ai plongé dans une situation de jeu dramatique à l’imitation de ces grandes machines caravagesques à la gloire d’un martyre.
Mais au lieu d’entendre la trompette de l’ange ou de subir d’ultimes tortures ils sont saignés à tous les sens du mot dans leur lieu de travail, aux machines à coudre ou à polir. Et c’est plus l’abondance incontrolable des modèles de chaussures qui les affole, surtout que des anges devenus de diaboliques gamins orientaux contribuent à l’anarchie ambiante et à la dictadure de la production.
Mais dans ce vilain jeu la souffrance est une promotion sociale et le malheur se vendant bien on rajoute dans les gestes mélodramatiques car les médias ne sont pas loin et on tient la pose même face à cette “chose noire” inquiétante.
Les petits enfants de ces heureux grands-parents agitent la palme comme châtiment ou récompense sans voir cette tragédie antique de tous les jours. Le simple quotidien, la stupidité d’un destin sans interêt, le manque de jugement vendus aux médias sont leur seul trêsor, l’adoubement de ces nouveaux martyrs par une puissance supérieure, la célébrité. Pour un instant suivant la définition de Warhol et jamais en éternité dans la solitude d’une grotte.
Cependant nul ne doit leur jeter la pierre; ils sont dans leur monde de la chaussure, comme dans de multiples autres monde, victimes du silence de Dieu du bavardage des hommes, victimes de la “chose noire” et de ses disciples complices et serviteurs.




Le martyr de Saint Crépin. acrylique sur toîle de 162 x 114 cms. 08-07-07






Le martyre de Sainte Crépine. acrylique sur toîle de 162 x 114 cms. 07-07-07



Vue du retable composé du triptyque sur une accumulation de 2000 paires des chaussures