LE RETABLE CLOSTRE, ADRIENNE À NAXOS:
Dédié à Adrienne
Clostre cette oeuvre est composée d’une unique pièce, une grande toîle dans
laquelle j’ai essayé de condenser le rayonnement et les inquiétudes de cette
femme compositrice avec qui j’ai partagé une forte relation d’échange.
Nous voguions en
effet de concert sur mer tranquille ou démontée au fil de nos créations
respectives en échangeant en permanence nos émotions et nos questions qui se
révélaient être trés proches ou les mêmes; ainsi tel problème qu’elle
rencontrait dans sa création musicale avait son écho devant la toîle noire que
je préparais avant de me battre avec ce gouffre. La plupart du temps au
téléphone durant de longs moments comme dans sa pièce “Garbo , la solitaire”
qui repète inlassablement “alone, alone, alone...” sur un fond déchirant de
violoncelle , elle me confiait ses chutes et ses relevailles sur un magnifique
chemin solaire et sombre à la fois.
Le retable Clostre, Adrienne à Naxos. Acrylique sur toîle de 195 x 114 cms. 15-06-2009
Née le 9 octobre
1921 à Thomery, éléve de Yves Nat, Darius Milhaud et Olivier Messiaen elle
obtient le Grand Prix de Rome en 1949, Rome où elle rencontre son mari Robert
Biset également Grand Prix de Rome d’architecture; ses oeuvres, attachées au
théâtre musical gardent un esprit baroque particulier en illustrant les
inquietudes métaphysiques de grands acteurs de la vie, “ Nietzsche” (1975),
Anapurna ( pour Herzog, 1988), Camille Claudel (1997). Elle meurt le 5 août
2006 dans la maison paternelle de Serrières en Ardèche; je l’avais rencontrée
en 1983 pour la création des décors et costumes pour les “Scènes
de la vie italienne”au théâtre musical d’Angers, création mondiale mise en scène par Yvan Rialland.
Detail 1
En m’appuyant sur
l’histoire d’Ariane , cette Adrienne à Naxos, pose sur son rocher en mer dans
l’attente d’un dénouement théâtral qu’elle préssent avec intensité.
Si son visage
souriant est à l’âge qu’elle avait, j’ai choisi de traiter en nu juvénil sa
poitrine et de contraster avec le reste du corps, les mains un peu marquées mais
qui semblent sur un clavier et les jambes lourdes de paysanne ancrée à la
terre.
Adrienne Clostre et Daniel Ogier
C’est aussi dans
cet esprit de jeunesse et d’amour de l’adolescence qui la caractérisait, que je
lui ai attribué deux Bacchus, jumeaux antiques, gamins de banlieu, batailleurs
et brutaux, ils sont là pour la protèger, deux gardes personnels qui la
rassurent dans leur style pasolinien qu’elle adorait. D’un coup de pied l’un
martyrise la petite troupe d’enfants perdus, cortège funèbre d’Adrienne aux
instruments brisés et serrés en larmes aux pieds de la compositrice défunte;
mais cela encore est du théâtre pour elle qui sourit les yeux fixés sur un ailleurs
et ignorant la chose noire; elle est partie vers le silence des tambours et
trompettes, silence assourdissant de l’absence mais triomphe d’un souvenir
rayonnant de lumière.
Detail 2
Adrienne Clostre et son mari Robert Biset lors du vernissage de l'exposition de Daniel Ogier " Oratoire pour les napolitains qui dorment sous nos pieds" à Naples le 30-09-2004
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