Utopie d'un fabricant d'images baroques qui consigne notre présent et le confronte à des avenirs incertains

martes, 31 de julio de 2012

L'ORATOIRE DES CORDONNIERS 1º PARTIE


DANIEL OGIER



réalisation vidéo: Bertrand Desmares
musique: Caroline Poncet (Middle M)



                 L'ORATOIRE DES CORDONNIERS 
                               du 25 avril au 6 septembre 2009
          MUSÉE INTERNATIONAL DE LA CHAUSSURE
                               ROMANS ( Drôme-France)






LA RÈGLE

Les six tableaux au mur sur le thème des voeux prononcés lors de la prise de voile par des religieux entrant au couvent s’inspirent de ces portraits de fondatrices que l’on voit à la porterie des couvents espagnols, souvent en place depuis des siècles, le vernis goudronnée par la fumée des cierges.
La position hiératique, l’expression absente, l’échelle de la toîle donnent une notion d’apparat redoutable. Cette fausse parturiente semble accoucher d’une autre vérité prisonière entre ses jambes, le patient, a tous les sens du mot, qui tient la clé d’une réalité contradictoire.
Car ses appels au secours nous interpellent directement alors que le personnage de la soeur est enfermé dans le silence de son territoire réservé.
Chaque symbole du tableau complète ou contredit les thèmes annoncés. On voit comme le tablier est un instrument important de l’opération au sens chirurgical, avec ses épingles et ses réplis étouffants.
Cette série est la seule travaillée en matière pour les visages comme marqués d’une décomposition stendhalienne, d’une beauté vérolée. C’est aussi la seule avec un mur sur lequel se projette l’ombre de “la chose”. Il n’était pas souhaitable de laisser le fond abstrait comme un cyclorama de studio de photo; ce que je fais d’habitude, car la notion d’enfermement dans une cellule devait être évidente.
Mais ces six portraits de religieuses appliquant la règle fonctionnent également en rapport avec le triptyque central. Elle sont la mémoire des murs, le silence, le non dit qui entourent les trois tableaux centraux qui illustrent la vie profane avec leurs histoires de fous et leurs soucis minuscules au prise avec un devenir aléatoire.
Des  murs de silence entourent un gros tas de folie délirante.








La charité. acrylique sur toîle de 146 x 114 cms. 13-05-05

LA CHARITÉ

Pourquoi tient-elle un mouchoir , un tissu comme la Foi-vat-elle en couvrir l’enfant, lui bander les yeux, car de l’autre main elle lui mantient la tête, les doigts enfoncés dans les boucles noires de ses cheveux berbères.
On voit derrière elle l’agneau attaché, celui de la parabole jété au sol, sa laine blanchâtre prête à être tondue pour tisser les couvertures inutiles entassées derrière. Coupera t’on aussi la chevelure de l’enfant pour la mêler à la laine?
Charité, quels crimes en ton nom et dans cette façon de donner qui n’appartient qu’à ceux qui sont surs de posséder encore et toujours après ce geste héroïque, sans péril, donnez, donnez d’un geste qui vous affranchi sans vous coûter, donnez, Dieu reconnaîtra les siens.







La chasteté. acrylique sur toîle de  146 x 114 cms. 01-03-05


LA CHASTETÉ

La plus jeune des soeurs au visage cependant aussi marqué vous regarde droit peut être avec l’oeil trop ouvert et trop rond pour ne pas être éfleuré par l’idée qu’elle goute à un instant particulier.
Sans doute faut il pour les six tableaux et surtout pour celui ci penser à “la Religieuse” de Diderot , ouvrage ambigu, complexe plein de secrets et de tiroirs explosifs dont l’érotisme élegant à fait sauter tant  de verrous cachés dans chaque vocation. Je pense aussi à une autre maître de la sensualité retenue Nicolas de Largillière avec son portrait de Elisabeth Throck Morton( National-Gallery Washington) , symphonie de noirs transparents et de blancs massifs animée par l’indécent rouge cerise de ses lèvres.
L’ivresse, la bacchanale est bien dans la cascade de raisins blancs mais l’enfant (sort-il de l’enfance à ce moment? ) pleure d’être bafoué par une vrai violence qui tord son bras pour rapprocher sa main de l’endroit interdit sous le tablier relevé.
Sur cette main de petit paysan, les deux mains blanches curieusement plus vieilles retrouvent d’instinct  un geste croisé de repos et d’ordre parfait. Scènes courantes sur les plages de Cuba à Manille et à Rio, en oubliant la vaste robe noire pour d’autres paréos.







La foi. acrylique sur toîle de 146 x 114 cms. 26-03-05

LA FOI

“ L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn...” oeil unique qui ne donne qu’une image fausse dans un visage vérolé, l’autre oeil fermé d’un cuir comme la princesse Éboli, la protectrice de Sainte Thérése d’Avila ou l’amoureuse du Don Carlo de Verdi?
La main droite levée paraphrase le geste du Christ, l’autre, baissée, tire du manteau rouge du pouvoir temporaire le chat à sept queues, le fouet de l’ordre.
Le patient cherche à fuir de tout son corps l’emprise de la torturant-parturiente mais le voile blanc est sur ses yeux. La borgne ne sait transmettre de force que son aveuglement; voir, savoir, croire,voici les fondements bien appris et bien vite oubliés par la force du carcan.







La pauvreté. acrylique sur toîle de 146 x 114 cms. 21-02-05

LA PAUVRETÉ

Enfin voici la plus laide de la bande avec son visage sans âge et ses mains deformées par les rhumatismes. Elle ne se concentre que sur une chose, son pied qui écrase de force la main du “patient”.
Car il est pauvre et  restera eternellement la main tendue vers une nature morte espagnole qu’il n’attendra jamais. De tout façon il n’y a rien d’autre et il n’y a aura rien car la pauvreté est sans évolution contrairement à l’homme parait-il. Qui a donné un coup de couteau dans le pain?







L'espérance. acrylique sur toîle de 146 x 114 cms. 07-04-05

L'ESPÉRANCE

Elle a le regard faux, loin du spectateur et on dirat que “la chose” et son ombre  s’allongent pour se cacher. Dans la douceur de l’enfant (il faut voir Murillo comme le maître de la compassion) son regard est plein d’espoir vers la main qui donne, main de fer, serre de rapace qui puissament tournée vers le bas va lacher d’un coup la pierre.
Le petit , le ventre rond, les mains pleines d’effort est campé sur ses bonnes jambes mais la chaîne éternelle est en marche.
Les poissons et les pains autrefois multipliés sont écartés et pourrissent dans les plis de la bure. Le tas de paniers attend encore pour longtemps le simulacre et les pierres s’accumulent pour toute nourriture. Le cycle continue comme une mécanique parfaite. Au nom de qui tourne la noria?







L'obéisance. acrylique sur toîle de  146 x 114 cms. 14-02-05

L'OBÉISANCE

Sans doute plus majestueuse avec son sourire énigmatique, la religieuse s’impose comme gardienne de la foi car elle protège les symboles même de la cruxifiction.
Le regard fixe est sans état particulier, elle attend comme attend le “patient” avant quel acte? lui ne sait rien , ne voit rien, ne bouge plus il ne fait qu’obéir en ne faisant rien comme l’animal pris au piège qui après s’être longtemps débattu choisit la passivité avant la fin. Seul le regard , celui de la religieuse est pour celui qui la regarde, celui qui sera la prochaine victime dans la toîle tendue par la noire mygale de l’esprit, celle qui vous ronge en faisant répeter les mêmes choses aux mêmes endroits aux mêmes heures toute une vie.


sábado, 28 de julio de 2012

LE RETABLE D'ALBACETE: TABLEAU CENTRAL et INAUGURATION

   
     EL DESAFÍO:


Le tableau central est titré le défi* car c’est l’essence même du personnage de Marie-Madeleine et aussi une représentation symbolique de la ville d’Albacete à qui est dedié ce retable.
Dans cet ultime combat contre la chose noire qui se presénte devant l’entrée abrupte de la grotte, la sainte est entourée d’une bande d’enfants héroïques partagés entre la peur est le courage. Ils s’accrochent à elle comme à une mère assez forte pour faire barrage de son corps.
On songe à ces combats dans la ville anéantie par les bombardements, à ces femmes et ces enfants qui résistaient comme elle avec sa petite équipe de héros. La chose noire prend figure humaine dans ces combats fraticides au rythme des coupes acharnées de la faux de la mort.
Au sol, trois navajas car içi on se bat au couteau comme une” Carmen” et on régle ses comptes au prix du sang. La femme est belle comme une bête traquée. Son visage m’avait été inspiré par celui d’une actrice française, Clémentine Célarié, célebre pour sa franchise et son naturel qui lui avait fait embrasser sur la bouche, à la télévision, un malade du sida par défi face à ceux qui practique une ségregation de ces personnes: Une moderne Marie-Mad.
Dans ce tableau j’ai cherché à montrer une “grosse machine” de sentiments exacerbés et de romantisme fou à contrecourant de nos mouvements esthétiques contemporains. C’est le contraire d’une vision aseptisée si ce n’est  clinique du monde (voir Damien Hirst), des oeuvres blanches et lisses déposées  dans des galeries froides et vides gardées par des hommes vétus de noir: la morgue a prix prohibitif.






detail 1




detail 2




les deux commissaires de l'exposition, Antonio Roldán à gauche et José Luis Ainsa à droite




Daniel Ogier et le célébre organiste Françis Chapelet qui a écrit un texte pour le catalogue de cette exposition:



J’ai rencontré Daniel Ogier il y a maintenant plus de trente années. Tout de suite j’ai compris que nous étions faits pour nous entendre: nous étions dévorés par la même passion: l’art baroque. C’est ainsi que j’ai pu suivre pas à pas la lumineuse carrière de cet artiste dont l’esprit créateur est toujours en mouvement: le mouvement qui est l’escence même de l’art baroque.
Autant dire que l’Italie du Sud, l’Espagne,le Portugal et la Bavière sont des lieux qui enrichissent son esprit, sans oublier Versailles qui alimente ses rêves.
Dans l’art baroque, il puise ses sources d’inspiration pour la conception de costumes et de décors de théâtre. Mais son imagination débordante le pousse naturellement vers la peinture: un style figuratif empreint de mystère et même d’une certaine folie qui excite la curiosité et la rêverie de qui se trouve en présence d’oeuvres d’une si forte originalité.
Et le retable de Marie Magdalena est bien là pour exciter l’imagination et la rêverie. Pourrait-il peut-être choquer certains esprits? En tous cas je présume que personne ne restera indifferent.
Marie Magdalena repose dans la basilique royale de Saint- Maximin-la-Sainte-Baume en Provence. Sur son sarcophage, une sculpture de l’époque romaine représente un orgue: la sainte femme serait-elle environnée d’une eternelle musique?


                                                                         Francis CHAPELET
                                                                                 Organiste




Amparo Alvarez Velasco interview  Daniel Ogier pour la Télévision Espagnole TVE




Arturo Moya,  Daniel Ogier , Antonio Roldán et la députée provinciale à la culture et à la jeunesse
 d' Albacete, Consuelo Cano.




Daniel Ogier et Arturo Moya qui a composé une pièce pour  piano à l'occasion de  l'inauguration de l'exposition.




Pendant les discours d'ouverture de l'exposition le 05 février 2009 au centre culturel "La Asunción" (ancien couvent de l'Incarnation) Callejón de las monjas s/n    02001 ALBACETE




Daniel ogier fait son discours de présentation devant un public nombreux




Consuelo Cano avec l'équipe de la diputation d'Albacete qui a rendu possible cette exposition,
 à droite le chef de construction du retable Paco Taaragán.




Mari Carmen Simón Salinas directrice du Réal Conservatoire de Musique d'Albacete et Daniel Ogier




Daniel Ogier, l'acteur du cinéma Alberto San Juan, et Jorge Rodríguez de Rivera au  café Indiano.




Daniel Ogier  montre à Alberto San Juan le catalogue de son exposition: "le retable d'Albacete"



                             
                       

Vidéo de l'inauguration réalisée par Custodio Martinez (Image et son)



L'EXPOSITION "LE RETABLE D'ALBACETE" ORATORIO DE MARÍA MAGDALENA A EU LIEU DU 05 AU 27 FÉVRIER 2009 AU CENTRE CULTUREL "LA ASUNCIÓN" À ALBACETE
 ( ESPAGNE)




viernes, 27 de julio de 2012

LA CONSTRUCTION DU RETABLE D'ALBACETE


LE REATBLE D'ALBACETE: 
ORATOIRE DE MARIE MADELEINE


J’ai donné deux titres à cette manifestation artistique, l’un matériel, “Le retable d’Albacete”, l’autre plus spirituel, “L’oratoire de Marie Madeleine”.
Je vais donc tenter d’expliquer la forme et le contenu de cet oeuvre espérant que chacun puisse y rajouter sa touche personnelle.
Après le retable d’Issenheim du Musée de Colmar en Alsace qui pour moi clôt d’une façon extraordinaire le Moyen-Âge, l’image du retable prend différentes directions. Dans ce chef d’oeuvre, la force de la peinture expressionniste rhénane avait été poussée aux limites de l’angoisse , entourées de remarquables statues les peintures s’ouvraient en plusieures couches suivant le calendrier liturgique comme un livre de la Foi.






À la suite de cette période, on assiste à une véritable explosion de commandes de retables (sauf en France): en Italie où ils restent modestes car c’est l’architecture qui se taille la meilleur part, dans les Flandres où il est commandé, non sans arrière pensée speculative, à des peintres célèbres comme Rubens et Van Dyck, en Espagne enfin où c’est une veritable surenchère.
L’Espagne invente un délire tapissant entièrement les choeurs, une accumulation de richesses et de décors qui s’exportera dans toute l’Amérique du Sud, laquelle rajoutera encore d’énormes miroirs.
C’est un immense groupement d’écrans d’ordinateurs changeant aux lumières des vitraux, aux reflets des ors des colonnes, dans les fumées des encensoires. Les scènes se développent et s’imbriquent en formats differents et tout frappe par sa grandeur et sa diversité. On cherche des détails, on découvre des visages et d’autres se cachent, tout surgit à la fois ou disparait dans la profusion.






C’est cet aspect d’énorme bande dessinée que j’ai voulu explorer dans le retable d’Albacete sur le thème de Marie Madeleine, c’est cette forme de retable qui s’est imposée à moi lorsque je suis entré dans la cour de” l’Asunción”. Dans les différents oratoires que j’ai pu faire comme celui du Palais Royal de Naples ou celui des cordonniers à Romans, la chose noire qui est présente dans tous mes tableaux comme contrepoint et anti-thèse de la vie est au centre de l’espace réel: une lame noire plantée dans le sol.
Celui qui regarde doit aussi se sentir regardé: la chose noire n’est pas que dans les tableaux vus mais dans l’espace parcouru et bien que ce soit  un symbole elle a une existence comme tout objet, sauf que contrairement à un objet elle n’a pas de sens.




Lorsque je construis un oratoire il est conçu pour le lieu où il se placera et uniquement pour cet espace, ce batîment, cette ville, ce terrain culturel. “L’oratoire pour les napolitains qui dorment  sous nos pieds ” est indisociable de l’identité profonde de la ville de Naples. De même, ici j’ai approfondi la recherche d’une sorte de “compassion”, une participation émotive en créant un espace terreux semé de cierges et de couteaux d’Albacete devant le retable, comme un tombe ou un cimetière d’ex-votos.
On le contournera pour voir les tableaux et on tournera le dos à la chose noire. L’espace est mis en scène pour que le spectateur soit un acteur d’un cérémonial simple et naïf, sans point de vue privilégié. L’aspect “dédié au plus grand nombre “ est important dans ma démarche car il élimine toute forme d’élitisme, cet élitisme qui lié au pouvoir financier a consacré le divorce avec l’art contemporain.





Je relance l’idée de commande, de contrat, de collaboration entre l’artiste et l’ensemble des corps territoriaux composant le tisu culturel  ,politique ou associatif dans le but d’injecter par une oeuvre emblématique une impulsion à la vie de la cité. Elle doit être la somme de toutes les forces existentes pour un projet d’avenir.
En art, tout est politique au sens noble du mot même si parfois le mot culture dont je me méfie beaucoup s’écrit avec un “K” comme “Kampf”.








Mais avant de travailler sur l’espace avec maquette, et plans il s’agit donc de procéder à un “travail de commande en creux”. C’est à l’artiste de faire une enquête, une recherche sur ces fameuses forces impulsives qui vont donner le sujet de l’oeuvre, il est porte-parole.
Alors pourquoi l’oratoire de Marie Madeleine? C’est à la suite de ce “travail en creux” que j’ai proposé ce thème, n’ignorant pas que la sainte, depuis quelques livres et films célébres jouie d’une audience planétaire qui pourrait être un handicap. Une femme belle, courageuse, forte auréolée du prestige de la rencontre avec le fils de Dieu et de plus devenue un personnage médiatique, tout pour refuser cette candidature trop spectaculaire, et bien, si! Le personnage est assez riche et étonnant pour paraître à Albacete, l’entreprenante, l’audacieuse comme elle.








Car ces deux adjectifs sont la clè de mon travail artistique d’installation de la sainte dans la ville d’Albacete. Nous devons en trouver l’origine dans les textes.
Marie vient de Magdala ce qui signifie la tour ou forteresse, ancienne ville de pêcheurs, haut lieu de la résistance galiléenne à sa rivale, Tibériade, considérée comme impure car construite sur un cimetière et peuplée de fonctionnaires étrangers et de païens .

Marie, une femme malade? “Jésus cheminait à travers villes et villages, il prêchait et annonçait la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Les Douze étaient avec lui, ainsi que des femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies: Marie, nommée la Magdaléenne, dont sept démons étaient sortis, Jeanne, femme de Chouza intendant d’Hérode, Suzanne et beaucoup d’autres qui les assistaient de leurs biens” (Luc 8,1-3)







Il faut savoir qu’un malade à l’époque du Christ par ses signes extérieurs étranges était rejeté comme impur sans distinctions d’origine de ses troubles physiques ou psychiques: le démon rendait fou, aveugle, asthmatique, muet ou paralysé.

Pour les juifs c’est l’expression d’un pêché personnel ou collectif. Marie, une femme riche sans doute puisqu’elle met ses biens à la disposition de la communauté et semble faire partie de la même classe sociale que Jeanne, femme de Chouza, intendant d’Hérode.. Cependant une femme hors la loi, une femme qui s’est rejettée volontairement hors des lois juives. Un détail insignifiant est capital, elle parle,dumoins       elle apprend la parole.
Pas un mot dans la scène du lavement des pieds dans le scandale de sa présence car chez les juifs une femme n’entre pas dans un dîner d’hommes. C’est Jésus qui s’adresse par deux fois à elle, ce faisant la reconnaissant aux yeux de tous “tes pêches te sont remis puis, insistant, “ ta foi t’a sauvé, vas en paix”
Dans cette société la femme ne parle pas et l’homme ne parle pas à la femme devant les hommes, on doute de sa capacité à comprendre.






Par la suite l’entreprenante qui force la porte du repas chez le pharisien devient l’audacieuse. Elle va acquérir la connaissance. Elle est la seul dans les Evangiles et qui plus est, une femme à s’entretenir en tête à tête avec le Christ, la seule à bénéficier de cette leçon privée pendant que Marthe prépare le repas (Luc 10, 38-42)
La rencontre avec le jardinier deuxième leçon privée se dessine déjà, Jésus l’appelle de son diminutif , de son petit nom, “Mariam” et elle répondra “Rabbouni!”, maître en juif au sens de enseignant.
On ne peut comprendre l’extraordinaire modernisme de Marie Madeleine si on ne se remet pas dans le contexte de la religion juive de l’époque, tissu inextricable d’interdits qui pésent encore de nos jours sur ce peuple. Car après avoir osé s’avancer vers l’homme, après avoir receuilli son enseignement elle sera la témoin de sa mort et là sa parole de Témoin va éclater devant tous. Nous suivons le véritable reportage mené par cette femme, reporter de guerre bravant le danger face à la cruauté et à la violance.







J’insiste encore sur son engagement sans faille alors que tous les apôtres ont disparus des récits évangéliques. Après le Mont des Oliviers il n’y a plus que Jean, le plus jeune le plus proche du cercle des femmes qui soit présent et comme le double masculin de Marie Madeleine dont les liens rapprochés avec le Christ ont donné matière à maintes analyses pseudo-freudiennes. En effet, en forçant le trait, les apôtres sont trés souvent incrédules et peureux, le contraire de notre sainte: Thomas qui ne croît pas ou  Pierre qui s’emporte et coupe l’oreille du soldat ou nie par trois fois connaître Jésus.
C’est donc avec d’autres femmes que notre reporter privilégié court annoncer à Pierre et à Jean la disparition du corps du crucifié. Ils viennent constater le fait et s’en vont tandis qu’elle, seule, revient sur les lieux en vrai professionelle pourrait-on dire . Et c’est la rencontre, la deuxième, leçon privée avec le jardinier des âmes. Lorsque elle rapporte la grande nouvelle, la réaction tombe “mais les paroles lui semblèrent du radotage, ils ne croyaient pas en elle” (Luc 24, 1-11)





Elle devient la revélatrice, le témoin , celle qui transmet et mérite cette déclaration d’Hippolyte de Rome “O, merveilleux renversement: Eve devient apôtre”
La popularité historique de la sainte est immense: si ces traces se retrouvent en Provence avec sa soeur Marthe elle est honorée à Exeter en Angleterre avant l’an mille, à Haberstadt en Allemagne, à Messine en Sicile comme en Irlande à Tallagh, à Jérusalem, à Cordoue. L’histoire officielle étant écrite sous influence de St. Bernard, commence les incroyables voyages de son corps disputé entre les prétendants. Après le vol de ses reliques par les bénédictins de Vézelay origine d’un immense pélerinage, le tombeau est retrouvé à Sainte Maxime à la suite d’une campagne de fouilles au 13º siècle et c’est ensuite un incessant défilé des rois de France à la grotte de la st Baume, de Saint Louis à Louis XIV.







On attirera l’attention à propos du couronnement des rois de France sur l’importance de Marie Madeleine dans la conception de cette cérémonie: elle fait le lien entre  Dieu et ces monarques qui avaient le pouvoir de guérir les malades en imposant les mains le jour de leur couronnement.  En effet lorsqu’elle procéde à l’onction du Christ à Béthanie, elle refait le geste significatif du  sacre des rois d’Israël, repris par les rois de France à Reims.










Personnage héroïque, plein d’audace, aventureux et entreprenant, contre les idées recues, curieuse  de tout enseignement, moderne et forte, voilà celle qui apparait à Albacete. Cette voyageuse incroyable de son vivant et même morte peut séjourner en ces lieux de modernisme et de vie.
La toîle centrale, le défi, donne toute sa dimension volontaire au combat avec la chose noire, part d’ombre d’absurdité, de non dit, de fatalité contre laquelle nous somme liés par le flot de la vie, génétiquement programmés pour exister au milieu d’un océan de doutes et d’incertitudes.



jueves, 26 de julio de 2012

LE RETABLE D'ALBACETE 2


                             LA VIE PRIVÉE DE MARIE-MAD:


Cette serie joue le rôle de la prédelle dans les retables gothiques. C’est un  ensemble de petits formats qui, comme une bande dessinée, illustre un certain nombres d’épisodes de la vie d’un saint. J’ai pris la liberté d’imaginer qu’il arrive les choses les plus fantaisistes dans cette grotte où s’est retirée l’ermite pour, encore a contrario, noter la richesse du silence et de la solitude où les choses sont vécues avec plus de force qu’au milieu des milliers d’informations du quotidien.




Parfum spécial.
acrylique sur toîle de 46 x 65 cms. 06-06-06



Maquillage.
acrylique sur toîle de 46 x 65 cms. 09-06-06



L'institutrice.
acrylique sur toîle de 46 x 65 cms. 13-06-06



Les chaussures.
acrylique sur toîle de 46 x 65 cms. 11-06-06



Les copines.
acrylique sur toîle de 46 x 65 cms. 10-06-06



L'amant qui dort.
acrylique sur toîle de 46 x 65 cms. 08-06-06



La bouillabaise.
acrylique sur toîle de 46 x 65 cms. 14-06-06



La presse sportive.
acrylique sur toîle de 46 x 65 cms. 08-06-06



Situation de 8 tableaux de la vie privée de Marie-Mad dans le retable d'Albacete.