Utopie d'un fabricant d'images baroques qui consigne notre présent et le confronte à des avenirs incertains

miércoles, 5 de septiembre de 2012

ORATOIRE POUR LES NAPOLITAINS QUI DORMENT SOUS NOS PIEDS 4º PARTIE


LA MORT EN MOUVEMENT:


Dans le baroque, ce qui est à voir se trouve au-dedans, derrière la façade, dans la crypte, l’église, le théâtre, le cabinet de curiosités...
La monade leibnizienne est un huis-clos sans fenêtres, et désigne l’unité dans la multiplicité des plis possibles. Dans la “camera obscura” , la flèche de lumière réfléchie par deus miroirs, ne dessine que des trompe-l’oeil. Autant la façade est ouverte ostentatoire sur l’extérieur, autant l’intérieur veut le clair-obscur, dans tous ses étages vers le sombre fond, parabole de Dieu (Fiat Lux) se glissant dans le monde par une fente au milieu des ténébres.

Telle est l’installation construite par Daniel Ogier, comme repliée sur elle-même au coeur de l’orgueilleux et exubérant Palazzo Reale. Mais tel est aussi D.Ogier, un vrai, rare, artiste du baroque: en façade, le compagnon le plus gai, chaleureux, extroverti, à l’humour dévastateur; à l’intérieur, au plus secret de son activité, celle de peintre, sur des toîles obstinément noires, il découpe dans une lumière imaginaire les corps du désir et de la souffrance, crucufixions du sexe, visages sortis de jugements derniers ou premiers, les forces brutales ou animales de la nature, dans des catastrophes ou cataclysmes qui précipitent l’être humain souvent nu comme un ver au soir de la création, dans le maelstrom d’un réel qui n’a jamais été facile à vivre.
D.Ogier est un baroque dans l’âme, entendez l’âme comme celle que le philosophe Gilles Deleuze décrit après leibniz, “un tissu fourmillant de petites inclinations”.


Daniel Ogier, Jean Louis Martinoty et Tamara Adloff


Inclination qui comme le clinamen de Lucrèce nous renvera plus loin à l’oblique, ici synonyme de perceptions, inflexions: comme les passions, elle relévent du vocabulaire amoureux.
D’inclinations ou de passions, Daniel Ogier n’en manque pas. Collectionneur fou d’art, il est aussi homme de théâtre, metteur en scène, décorateur et particulièrement créateur de costumes pour la scène. Tout cela toujours du côté de la façade baroque, mais la sensualité des étoffes, la gourmandise vénitienne des couleurs, le vertige des patines, le ramènent doucement à la peinture, aux pastels su XVIII siècle dont il est un amateur éclairé, qu’il admire autant pour la virtuosité dans l’apparat des costumes, que pour le secret du regard des portraits.
Car du côté de l’intérieur, c’est –à-dire de l’atelier, il est surtout un peintre de portraits, qu’il brosse avec une fébrilité et rapidité maladives, occultant anxieusement le costume pour s’approcher du visage et du corps dans son unicité, ce qui ne veut pas dire anoymat de l’expression et de l’anatomie, certes tous différents, mais tous de la même fratrie, tous obstinément surgis de l’obscurité du Noir, “Le champ mortel de tous  les paroxysmes” pour reprendre le mot de René Char. Et le paroxysme nous ramène au Baroque.

On juge alors si Daniel Ogier est chez lui à Naples, courant de catacombes aux vies pétrifiées en ruelles sombres bousculées par une vitalité sonore, creusant les strates  des civilisations et des influences qui font l’humus de la ville. D’où, après “Abisi” à Procida en 1994, ce projet au Palazzo Reale , à la gloire du Baroque, dans la monade d’un espace-oratoire, cents portraits imaginaires pour retrouver au delà des ossements des catacombes le souvenir des visages éphémères de ceux qui ont vécu et ne sont plus, ou ne seront plus; c’est la même chose, c’est à dire une allégorie de la mort en train de se faire, une galerie de portraits comme un ossuaire des vivants, autour d’un grand tableau convulsif, sorte de métaphore in absentia de la ville de Naples.


Daniel Ogier, Tjuna Notarbartolo et Felice Abate,


Le héros de la révolte de 1647 contre l’aristocratie et les espagnols, Masaniello, martyr car abandonné par les siens, se projette vers l’avenir, lançant vers le corail symbole de la cité, les enfants à venir, dont quelques lazzaroni et même un aveugle.
Les mouvements du baroque s’y retrouve jusque dans le cheval cabré échappé d’un carton du Bernini jusque dans le corail de Torre del Greco, minéral vivant, animal immobilisé dont les nuances de rouge portent le nom “d’écume de sang”. Il est assumé par la grande Diagonale qui traverse l’installation, geste de rhétorique baroque dont l’historien  d’art Wölffin a dégagé la constante dans les crucifixions du Tintoretto ou de Rubens . lorsque la croix dressée en équilibre instable montre le martyre, et la mort, en mouvement.

La flèche oblique de lumière éclaire l’ossuaire des vivants. Daniel Ogier semble ici réaliser dans l’image la parole de Quevedo “les os sont le dessin par lequel on sculpte le corps de l’homme”. On ne s’étonnera pas à Naples de ce rapport a un poète du baroque espagnol (songe de la mort et de son empire 1630) rapporté par Jean Rousset: “Vous ne connaisez pas la mort, vous autres, c’est vous-même qui êtes votre mort, vous êtes tous les morts de vous-mêmes..”. L’homme , miroir de la mort en mouvement.

Le spectateur qui pénètre dans l’installation au creux du Palazzo Reale ( comme dans une catacombe) semble répondre à l’injonction de Quevedo qui poursuit ainsi: “ si vous compreniez bien cela, chacun de vous aurait tous les jours un miroir de la mort en soi-même, et vous verriez aussi en même temps que toutes vos maisons sont pleines des morts, qu’il y a autant de morts que de personnes, que vous ne l’attendez pas mais que vous l’accompagnez perpétuellement..(..) . Vous êtes os, carcasse et squelette avant que vous le puissiez croire”.


                                                                           Jean Louis MARTINOTY




Iki Notarbartolo , Gilda  Kiwua Notarbartolo,organisatrices de l'exposition  avec Giancarlo Ascione, sponsor 



LA MORTE IN MOVIMENTO:


Nel barocco, ciò che è da vedere si trova all’interno,dietro la facciata, nella cripta, la chiesa, il teatro, la stanza, delle curiosità....
La monade leibniziana è un luogo senza finestre e designa l’unità nella molteplicità delle pieghe possibili. Nella camera oscura, la freccia di luce riflessa da due specchi disegna dei trompe-l’oeil. Così la facciata è apertura ostentativa sull’esterno, così l’interno vuole il chiaroscuro, in tutti i suoi gradi verso il fondo fosco, parabola di Dio
 ( fiat lux) che scivola nel mondo da una fessura al centro delle tenebre.

Così l’installazione costruita da Daniel Ogier, ripiegata su stessa nel cuore dell’orgoglioso ed esuberante Palazzo Reale. Ma così è anche D.Ogier, un vero, raro artista del barocco: di facciata, l’amico più gioioso, caloroso, estroverso, dall’umore devastatore; ma dentro, nel più segreto della sua attività, quella di pittore, su tele ostinatamente nere, ritaglia in una luce immaginaria i corpi del desiderio e della sofferenza, crocifissioni del sesso, visi usciti da giudizi universali o primari, la forze brutali o animali della natura, catastrofi o cataclismi che precipitano l’essere umano spesso nudo come un verme nella sera della creazione, nel maelstrom di un reale che non è mai stato facile da vivere.
D.Ogier è un barocco nell’anima, pensiamo all’anima come quella che il filosofo Gilles Deleuze descrive in Leibniz: “un tessuto brulicante di piccole inclinazioni”.
Inclinazioni  che come il clinamen di Lucrezio ci invierà più in là all’obliquo, qui sinonimo di percezioni, inflessioni: come le passioni, esse emergono dal vocabolario amoroso.
Di inclinazioni o di passioni Daniel Ogier non manca. Collezionista, pazzo d’arte, uomo di teatro, regista, scenografo e soprattutto creatore di costumi, cher per la scena. Tutto questo sempre del lato della facciata barocca, ma la sensualità delle stoffe, la golosità veneziana dei colori, la vertigine delle patine, lo riportano dolcemente alla pittura, ai pastelli del 18º secolo, di cui è un amatore illuminato , che per il segreto dello sguardo dei ritratti.
Perché dal lato dell’interno, cioè dell’atelier, è soprattutto un pittore di ritratti, che abbozza con una febbrilità e rapidità morbose, nascondendo ansiosamente l’abito per avvicinarsi al viso e al corpo nella sua unicità, che non vuol dire anonimato dell’espressione e dell’anatomia, certo tutti diversi, ma tutti della stessa fratria, tutti ostinamente sorti dall’oscurità del nero, “il campo mortale di tutti i parossismi” per riprendere le parole di René Char. E il parossismo ci riporta al barocco.

Si giudichi allora se Daniel Ogier è a casa sua a Napoli, mentre corre tra catacombe dalle vie pietrificate in vicoli scuri scossi da una vitalità sonora, mentre scava gli strati civiltà e delle influenze che fanno, l’humus della città, dove, dopo”Abissi” a Procida nel 1994, questo progetto a Palazzo Reale, a gloria del barocco, nella monade di uno spazio-oratorio, cento ritratti immaginari per ritrovare, aldilà delle ossa delle catacombe, il ricordo dei visi effimeri di quelli che hanno vissuto e non sono più, o non saranno più;

è la stessa cosa, cioè un’allegoria della morte mentre si compie, una galleria di ritratti come un ossario dei vivi, intorno a un grande quadro convulso, una specie di metafora in absentia della città di Napoli.
Gli eroi della rivolta del 1647 contro l’aristocrazia e gli spagnoli, Masaniello, martire perchè abbandonato dai suoi, si proietta verso l’avvenire, lanciando verso il corallo simbolo della città, i bambini che verranno, qualche scugnizzo ed anche un cieco.

Il movimento del barocco si ritrova fin nel cavallo impennato scappato da una cartella del Bernini fino al corallo di Torre del Greco, minerale vivo, animale immobilizzato le cui sfumature di rosso portano il nome di “schiuma di sangue”.
E’ assunto dalla grande diagonale che attraversa l’opera, gesto di retorica barocca di cui lo storico d’arte Wolffin ha derivato la costante nelle crocifissioni del Tintoretto o di Rubens, quando la croce drizzata in equilibrio instabile mostra il martire e la morte, in movimento. La freccia obliqua di luce rischiara l’ossario dei vivi.


Daniel Ogier sembra qui realizzare in immagine le parole di Quevedo “le ossa sono il disegno con il quale si scolpisce il corpo dell’uomo”.
Non ci si meraviglierà a Napoli di questo raffronto ad un poeta del barocco spagnolo
( sogno della morte e del suo impero, 1630),Riportato da Jean Rousset: “ non conoscete la morte, voi altri, siete voi stessi ad essere la vostra morte, voi siete tutti i morti di voi stessi...”. L’uomo, specchio della  morte in movimento.

Lo spettatore che penetra nella mostra nel cuore di Palazzo reale ( come in una catacomba) sembra rispondere all’ingiunzione di Quevedo che continua così: “ se voi capiste bene questo, ognumo di voi avrebbe ogni giorno lo specchio della morte in se stesso, e vedreste anche che tutte le vostre case sono piene di morti , che ci sono altrettanti morti che persone, che non l’aspettate ma che l’accompagnate perpetuamente (...). Siete ossa, carcasse e scheletri più di quanto lo possiate credere”.


                                                                               Jean Louis MARTINOTY



                                                                               


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