ORANGERIE DU PARC DE LA TÊTE D'OR DE LYON
DU 14 NOVEMBRE AU 14 DÉCEMBRE 2003
L’oratoire de la Tête d’or est sans doute la
production la plus atypique dans la série des oratoires. Ni par son contexte,
ni dans sa production , ni dans le résultat les effets attendus n’ont étés au
rendez vous.
L’adjoint à la
culture de la Ville
de Lyon était une ancienne relation qui avait mis sur pied le projet de
décoration du buffet neuf des orgues de Plaisance du Gers et avait permis à ce
projet démesuré de naître dans un bourg de 1000 habitant. Lorsque je lui
demandais un morceau de territoire lyonnais à exploiter pour faire un oratoire
il m’indiqua l’ancienne orangerie du Parc de la Tête d’or.
Ce parc occupe
l’emplacement d’un couvent, en tout cas d’une proprieté religieuse et les
recherches historiques sur la base de ce parc à l’anglaise trés Napoléon III ne
tardent pas à me donner des éléments intéressants; le vocable Tête d’or vient
en fait de la découverte dans ce lieu d’un trésor avec une tête en or sans
doute liée à la présence d’anciens temples romains.
Mon idée est alors d’exploiter ce filon et de
recréer un culte de cette relique païenne détournée comme les vierges noires ou
la statue de Conques. Le batiment de l’orangerie se composait d’une grande
galerie centrale pleine de palmiers et de deux salles à chaque bout avec de
grandes baies et une architecture de colonnes trés italiennes dans ses
proportions imposantes. Je gardais donc le labyrinthe des palmiers pour
l’acceuil du public et les dirigeait vers une salle latérale fermée d’un grand
rideau noir au sera installé l’oratoire.
Après ce parcours libre dans une forêt
artificielle hors de son espace natal, mis en caisses, mis en réserve dans un
lieu construit pour elle et pour sa protection hivernale, l’enchantement
commençait à opérer, le tout était de savoir ce qu’on allait découvrir en
passant le rideau noir
L’idée semblait
logiquement être la construction d’un lieu néoreligieux , d’un culte
indéterminé autour de cette idée de Tête
d’or. C’est exactement ce que j’ai fait mais avec un
dérapage violent et innatendu. Donc le concept de base était servi par un autel baroque: pilastres,
chapiteaux, corniches, fronton d’un retable
de six métres de haut avec un grand maître tableau célébrant la
découverte de cette fameuse tête. Affairés autour d’un trou directement plagié
de l’enterrement à Ornans de Courbet, les ouvriers; au dessus une dépouille
d’agneau est attachée par un fil relié à un extérieur énigmatique.
On voit déjà que l’invention
de
Mais la où tout
était gaché c’était dans le traitement
de l’espace cultuel: l’autel dont nous avons parlé est brulé, détruit, étayé
par des pièces de bois; sur les marches des tableaux jetés, au murs des
tableaux mal accrochés, au sol des tas de tableaux en attente, tout indiquait
une scène de pillage, de vol, de saccage. L’art violenté dans ses racines
religieuses pour exprimer la fin d’une civilisation, la fin des codes, la fin
des croyances.
Empillées au sol
les toîles attendaient d’être enlevées par des malfrats disparus à l’instant,
dérangés par notre présence.
Ces tableaux
groupées au murs ou préparés au sol mais toujours lisibles traitaient de grands
mythes ou croyances chrétiennes ou juives, donnant des éclairages disparates et
épiques sur l’aventure judéo- chrétienne, histoire de saints, de prophètes et
de rois volontairement désarticulés du discours logique du dogme.
D’un pélérinage
imaginaire ne restait au sol que des palmes sechées en liaison avec la grande
galerie d’entrée, dernier clin d’oeil à l’arrivée triomphale du Christ à
Jérusalem sur le chemin de la mort.
Par une
malcompréhension qui m’est imputable sans doute l’échec fut total au niveau des
édiles, silence et consternation des responsables avec les politesses convenues
evitant à tout prix le fond du propos.
Par une
filliation étrange qui ne m’est pas non
plus imputable le succès vint avec de nombreux visiteurs inquiets et questionnants;
receuillement et intérêt de promeneurs et de joggeurs entrés par hasard, plus de 3000
milles compensèrent la frilosité des “apparatchik”.
Daniel Ogier expliquant l'exposition à l'adjoint à la culture de la Ville de Lyon Monsieur Beguin et à Bertrand Lazerme et Daniel Birouste
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